Et si je vous disais que le bonheur est devant votre porte !

Fév 2021 | 4 commentaires

Depuis très jeune, j’ai toujours été attiré par les yogis. Je trouvais ces gens extraordinaires. Sans rien, juste par la méditation, ils ont exploré les limites de l’esprit humain jusqu’à le transcender. On raconte que certains yogis ont développé des pouvoirs exceptionnels, mais ne s’y attardant pas, ils restent très discrets sur la chose.

 

J’ai donc lu de nombreux ouvrages de maîtres orientaux. Les livres hindous se terminent souvent par la formule « Sat Chit Ananda » : Présence, Connaissance Pure et Félicité.

 

Hormis que ce soit joli à prononcer, pourquoi utilisent-ils cette formulation ? On aurait pu plutôt s’attendre à ce mantra que tout hindou psalmodie à l’infinie : « Om mani padmé hum » et qui signifie « Le Joyau dans le Lotus ».

 

Je dois tout de suite avertir le lecteur que ces mots sont en sanscrit et que les hindous ont un vocabulaire d’introspection bien plus riche que le nôtre, Occidentaux. Pour les comprendre, nous les traduisons avec ce que nous connaissons et inévitablement, nous les réduisons en tentant de les faire correspondre à notre propre champ de compétence. Qui au demeurant est ridicule dans ce domaine-là. D’une part parce qu’il nous manque plus de deux mille ans d’exploration de la conscience, et d’autre part parce que les Occidentaux sont restés à une vision purement psychanalytique et chrétienne de la psyché (ou du moins, fortement teintée).

 

Un exemple : pour nous occidentaux, la concentration est un effort à fournir pour focaliser son attention sur un objet ou un sujet. Pour les Orientaux, le processus diffère. Pour eux, ils enlèvent ce qui n’est pas nécessaire et laissent l’esprit se débarrasser du superflu. Ne reste alors plus qu’une seule chose : l’objet de mon attention. Il y a là aucun effort particulier. Bien que le mot concentration soit le même, le concept diffère du tout au tout.

 

Il en est de même pour beaucoup d’autres mots et en particulier Sat Chit Ananda.

 

 

 

Sat : la Conscience Pure

Les mots qui s’approcheraient le plus de Sat sont l’Être, l’Esprit, la Présence, la Conscience. Vous noterez que chaque mot, ici, commence par une majuscule, ceci pour distinguer en fait un autre sens que celui le plus commun.

 

L’Être dont il s’agit est votre véritable identité, et non pas celle de votre personnalité construite à partir de votre ego. C’est difficile à concevoir, car depuis votre naissance, vous vous identifiez au mental. Vous croyez être « vos » pensées, « vos émotions », etc. Mais est-ce vraiment la réalité ?

 

Non. Le mental peut être détrôné. Et lorsque cela arrive, se révèle alors la Conscience, la Présence, le Soi, ce que vous êtes vraiment, dépouillé de toutes notions de séparation et de limites.

 

Les yogis sont allés voir ce versant de nous-mêmes. C’est la voie du Yoga. Mais il existe bien d’autres voies.

 

Bien entendu, il ne s’agit pas du Yoga occidental dont on ne retient que la gymnastique (les fameuses postures, appelées Asana), mais d’une discipline de vie et de pratiques dont le but est « l’annihilation de toutes fluctuations mentales » (premier aphorisme de Patanjali). La messe est dite : calmez votre mental, rendez-le aussi calme que l’eau paisible d’un lac, et vous pourrez distinguer dans son reflet les étoiles, votre véritable nature.

 

Et pourtant, bien que je médite depuis des années, la Conscience pure n’est pas apparue au détour d’une méditation, mais après un travail de nettoyage de mémoires personnelles. Pendant que je m’appliquais à pratiquer leurs dissolutions, j’ai commencé à « voir » une limite à plusieurs mètres devant moi. Les mémoires se dissolvaient en la traversant, comme un liposome qui déverse son contenu hors de la cellule.

 

En voulant suivre cette limite, j’ai levé les yeux et – de manière inattendue – je me suis retrouvé hors du corps et expulsé du mental. Et j’ai vu comment l’être humain a été construit. J’ai vu la forme du champ mental, la nature des mémoires, et l’univers tel qu’il est en dehors de toute déformation mentale.

 

C’est indescriptible. Aucun mot ne pourra le décrire, pour la simple et bonne raison qu’en le faisant, vous vous retrouveriez à nouveau pris au piège du mental.

 

« Le Tao qui peut se nommer n’est plus le Tao », premier verset du Tao-Tö King.

 

Mais dans cet état de Pure Conscience (à ne pas confondre avec l’état d’attention élargie du courant méditatif de la Pleine Conscience), étrangement, je n’y ai pas trouvé le Bonheur. Je ne me sentais pas plus heureux que ça ! J’étais Conscience, en symbiose avec l’univers, c’était étonnant, mais pas transcendant. En revenant à ce moi, je n’étais pas plus transformé que ça.

 

 

 

Chit, la Connaissance Pure

Chit, en sanscrit, est la racine du mot « chitta ». Chitta désigne le mental, la faculté cognitive, que les sages hindous représentent comme un singe impétueux. Le comique là-dedans, c’est que Chita est le nom de l’ami singe de Tarzan, et ceci permet de le retenir facilement.

 

On retrouve ici la même distinction que tout à l’heure, entre la conscience avec minuscule (quand je m’identifie à qui je crois être, ma personnalité) et la Conscience avec majuscule (dénudée de toute identification). Chitta est l’esprit, le mental, la cognition, alors que Chit est la Connaissance Pure. Un peu l’Omniscience des chrétiens.

 

Ma première expérience de cet état fut en travaillant plusieurs jours sur la respiration Hong-Sau, comme je le détaille amplement dans mon article sur l’effondrement des limites du temps.

 

Ma cage thoracique s’était subitement libérée d’une camisole musculaire et ligamentaire et j’ai senti le Cosmos respirer à travers mes poumons. Pendant plusieurs semaines, j’étais dans un état étrange. La réalité me paraissait comme un rêve. J’étais bien. Et aucune question ne me traversait l’esprit. Mais quand on m’interrogeait, les réponses venaient d’elles-mêmes. Et je m’en étonnais moi-même !

 

Au final, je me suis rendu compte que l’analyse et l’intelligence ne sont qu’une voie de connaissance parmi d’autres. Une voie très occidentale. Dans cette expérience-ci, la connaissance venait par un autre biais. Je pense qu’il s’agit véritablement de l’« Intuition ». Malheureusement ce mot est galvaudé par les nombreux courants de développement personnels qui mélangent créativité mentale et expérience transcendantale.

 

La seconde fois où j’ai connu cet état, c’est lorsque j’étais avec mes enfants à Legoland, un parc d’attractions en Allemagne. Nous avions loué un chalet pour y passer la nuit et vers quatre heures du matin, je me suis réveillé dans une sorte de débat. J’avais l’impression que l’on m’enseignait quelque chose. Et ce que je comprenais avait l’effet d’une révélation. C’était énorme !

 

J’ai vite tenté d’allumer la lumière, d’agripper de quoi noter (il n’y avait que mon iPad) et j’ai noté deux phrases essentielles.

 

Vous savez, dans cet état, vous vous dites toujours que vous vous en souviendrez plus tard. Mais ce n’est jamais vrai : le voile de l’oubli passe et il ne vous reste plus que le souvenir du goût, sans rien avoir avalé. C’est frustrant. Alors je notais au moins quelques bribes d’informations.

 

Je n’ai pas pu me rendormir. Je suis resté dans le lit complètement bouleversé.

 

Lorsque les enfants se sont réveillés, j’ai eu envie de relire mes notes. J’avais écrit huit pages, sur la nature véritable des émotions !

 

Cet état m’a laissé l’impression – alors que je dormais – de ne pas m’être réveillé de la manière habituelle, mais d’avoir emprunté une autre porte, donnant accès à une sorte de sommeil éveillé dépourvu du mental, sans doute ce que les yogis nomment « sommeil profond », à ne pas confondre avec notre sommeil profond, cette phase qui clôture un cycle du sommeil.

 

Et malgré ces deux fois où j’ai pu vivre cet état de Connaissance Pure, cela ne m’a pas apporté plus de bonheur que ça. J’étais heureux d’avoir pu faire ce genre d’expérience – fier même – mais il n’y a pas eu d’extraordinaire changement positif dans ma vie quotidienne. Je n’étais pas profondément changé.

 

 

 

Ananda, la félicité

J’ai pour habitude de me lever tôt et d’arriver aux aurores au cabinet. Là, je m’assois en tailleur sur une des chaises et m’amuse à calmer mon esprit et à apprécier juste d’être présent. Lors d’un de ces moments de calme, une question me vint à l’esprit :  « Jusqu’à quel point suis-je capable de m’abandonner à Dieu ? ».

 

Je dois tout de suite préciser que le mot Dieu est ici un concept pour désigner l’Infini : la Réalité dans toute son entièreté, et qui obligatoirement dépasse tout ce qu’on peut imaginer.

 

Cet Univers infini, l’esprit humain ne pouvant l’approcher que de son point de vue humain, ne peut que se le représenter, mais du coup il ne le vit pas. Il en est séparé. Chaque jour, au-delà de notre brouhaha mental, nous nous retrouvons comme la sardine face à l’obscurité gigantesque de l’Océan. Dans cette Immensité, suis-je capable de m’y abandonner, et ce, entièrement ?

 

J’observais là, assis, comment je réagissais à cette question. J’avais peur. Mais je me demandais aussi ce qu’il adviendrait si, l’espace d’un instant, je m’ouvrais pleinement et sans retenue à l’Inconnu.

 

Il n’y avait qu’un moyen de le savoir : sauter le pas. Il s’agit là d’une décision purement personnelle, de soi avec soi. « Oui, je m’ouvre à toi. Je lâche mes barrières, mes réticences et je m’offre à toi.»

 

J’ai alors senti mon Moi se dilater. Et j’ai « vu » l’ego comme une membrane autour de ce moi, se dissoudre. Et avec lui, toute notion de dualité et de séparation. Pendant deux jours, mon visage souriait, mes yeux étaient rouges et humides comme après avoir pleuré. Et je n’ai pas dormi pendant deux nuits.

 

Dans cet état, j’ai senti combien nous sommes connectés à tout et combien la nature était abondante, mais que nous ne le voyions pas, la Société nous faisant croire à une pénurie permanente en tout.

 

Il y avait dans cet état la Joie, l’apaisement, l’Unité… mais toujours pas le Bonheur. Où pouvait-il donc se cacher ?

 

 

 

 

Le Bonheur, au bout de soi

Quand on regarde autour de soi, on se rend compte que beaucoup de personnes se laissent emporter par leurs émotions. Chacun a sa propre manière de réagir aux circonstances : certains par la colère, d’autres par la peur, d’autres encore par la tristesse. Mon père, lui, se mettait à rire devant les gros problèmes. C’était totalement inattendu et décalé. J’ai découvert grâce à lui que chacun est libre de choisir comment réagir aux circonstances. Pour lui, ce fut l’humour.

 

Friand d’expériences personnelles, j’avais plutôt envie de développer le calme, car il était évident que les personnes qui maîtrisaient leurs émotions réussissaient mieux dans la vie. Et comme j’avais remarqué que la fatigue rendait irritable et irascible, j’ai donc décidé de réduire ma quantité de sommeil et de cultiver la douceur, quel qu’en fût mon niveau de tolérance dans les activités de la journée.

 

Ce fut un travail de tous les jours. Et comme attendu, mon niveau d’acceptation s’élargissait de jour en jour, et avec lui, un calme à toutes épreuves.

 

Mais ce n’était rien de difficile ! Depuis tout petit déjà, j’avais un rapport aux objets particuliers : je les respectais. Je les aimais pour la fonction qu’ils avaient. Lorsque je les prenais dans la main, je les touchais avec délicatesse et respect. Je me disais toujours qu’il avait fallu des années pour que chaque objet arrive là où il en est aujourd’hui et que j’avais la chance incroyable de croiser sa route.

 

Prendre les objets avec attention et amour m’apportait de la joie et un sentiment d’union avec le monde autour de moi. Les objets étaient comme des amis.

 

Bien entendu, les aléas de la vie nous font oublier ça. Nous avons l’impression d’être en lutte permanente et de devoir nous battre pour réussir.

 

Or la manière dont nous voyons le monde autour de nous dépeint inévitablement sur notre mental qui lui, agit automatiquement et invariablement sur le corps. Mais qu’adviendrait-il si vous changiez volontairement cela ?

 

En vérité, il est très difficile pour l’esprit humain de laisser les sensations neutres. Nous évaluons émotionnellement la sensation, la jugeons, lui donnons un sens et la comparons sans cesse. Alors comment changer cela ? Eh bien en portant simplement une attention amoureuse aux sensations.

 

Quelles qu’elles soient, soyez heureux de leur apparition. Aimez-les. Même les désagréables ! Aimez-les pour ce qu’elles sont : des alertes, des informations importantes ou capitales, mais soyez heureux qu’elles soient présentes. Très rapidement – en quelques jours – vous développerez le Bonheur sans Objet. La Réalité deviendra votre amante et vous goûterez à une sorte d’Ivresse divine. Chaque sensation vous mettra dans un état de Joie indescriptible.

 

Faites-le. Testez-le. Mais faites-le ENTIÈREMENT. PLEINEMENT.

 

Dans cette expérience, vous n’avez absolument rien à perdre… et rien à craindre. Personne ne verra votre travail intérieur. Vous sèmerez en secret dans votre mental des graines en or et récolterez un nectar incroyable : celui d’un Bonheur sans Nom.

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4 Commentaires

  1. Françoise Prax

    Bonjour,
    Merci pour l’article !! C’est la 1ère fois que je lis des évènements intérieurs qui se sont passé en moi, il y a qqs années et encore aujourd’hui quelquefois. C’est vrai, c’est indescriptible !! C’est juste 1 relation entre Soi et Soi.

    Réponse
  2. Virag

    J’aime ce texte car il exprime bien ce que je ressens souvent. Et de plus en plus souvent ces derniers temps. Ces décrochages. Ces plénitudes quand le brouhaha de la tête se calme. La vertu du sourire aussi. Se forcer à sourire, cela fait sourire tout le corps, toute la brume. Plus j’essaye d’exprimer par des mots ce que je ressens dans mes rêves, dans mes promenades méditatives ( je médite mieux en marchant seule dans la montagne, parce qu’à la maison, il y a toujours quelqu’un qui interrompt le calme ), plus les mots s’échappent et la sensation s’affadit.

    Réponse
  3. Marc-André

    Article vraiment très intéressant. Merci!

    Réponse

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